Le terroir

Le jardin secret des vins de Bordeaux

La région qui unit les appellations Fronsac & Canon Fronsac ne ressemble à aucune autre des appellations du Bordelais. « Sa beauté, a dit un amoureux de passage, ne peut voir naître que de bons vins ».  Presque aussi proche de Libourne que Pomerol, son vignoble s’étend sur 1000 hectares et présente de superbes paysages de plateaux et de coteaux. On dirait une petite « Toscane» nichée au fourche de deux rivières : L’Isle et la Dordogne

Un terroir d’exception

Au confluent de deux rivières, l’Isle et la Dordogne, les grands terroirs viticoles de Fronsac et Canon Fronsac épousent de superbes paysages de plateaux et de coteaux. Ces sols complexes sont en majorité calcaires sur le plateau et argilo-calcaires en côtes (minoritairement argilo-siliceux en pied de côtes).

Le calcaire à astéries prédomine sur le tertre et les plateaux. La molasse du Fronsadais marque les côtes et les combes. Cette typicité des terroirs est accentuée par la diversité de reliefs accidentés.

C’est cet exceptionnel terroir argilo-calcaire qui a donné son nom au terroir dont s’enorgueillissent nombre de grandes appellations, dont les appellations voisines de Saint-Emilion : « la molasse du Fronsadais ».

C’est la qualité de ces sols, alimentés en eau de façon régulière et sans stress qui confère aux vins de Fronsac et Canon Fronsac leur richesse et leur complexité.

Le climat océanique tempéré de la région, son caractère continental par rapport au reste du Bordelais et sa situation au confluent de deux rivières lui permettent de bénéficier d’un microclimat qui favorise une maturation lente des raisins, avec des étés chauds et longs, des automnes tièdes, et des hivers doux et généralement secs.

Par ailleurs les deux rivières protègent le vignoble des gelées printanières. La présence de nombreux arbousiers et chênes verts témoigne de ce climat privilégié.

Le professeur Henri ENJALBERT, géographe bien connu, parlait de ce terroir, « berceau historique des grands Bordeaux du Libournais », comme « le coteau sacré de la région ».

Une terre de Merlot

Cépage le plus représenté (près de 80% de l’encépagement), c’est un cépage précoce, qui apprécie tout particulièrement le caractère frais des sols à texture argilo-calcaire de Fronsac. En parfaite harmonie avec le terroir, il atteint ici au mieux sa parfaite maturité.

Mûrissant bien, il apporte au vin couleur et richesse alcoolique (générosité), avec une bonne complexité aromatique (de fruits mûrs rouges et noirs notamment) ainsi que de la souplesse, de la rondeur et beaucoup de soyeux en bouche.

Le cabernet franc

Il représente près de 15 % de l’encépagement. De précocité moyenne, il est plus utilisé sur les sols calcaires ou à texture un peu plus chaudes (sables).

Il apporte au vin une finesse aromatique légèrement épicée, une fraîcheur et une structure tannique bien marquées, conférant au vin une grande aptitude de vieillissement.

Le cabernet sauvignon

Représentant jusqu’à 10 % de l’encépagement des AOC Fronsac et Canon Fronsac, ce cépage tardif est particulièrement adapté aux sols chauds et secs (argilo-sableux ou sols argilo calcaires bien exposés).

Il apporte au vin des notes épicées, complexes et une richesse tannique favorable à une conservation longue et harmonieuse.

Une histoire d’hommes et de terroir

Situé au confluent de l’Isle et de la Dordogne, Fronsac et ses vignobles jouissent d’une histoire prestigieuse. A la pointe de l’appellation, le Tertre de Fronsac offre une vue exceptionnelle sur les deux rivières et a toujours occupé une position stratégique : les Gaulois y tenaient un important marché, les Romains y bâtirent un autel, puis, aux environs de l’an 770, Charlemagne y édifia une puissante forteresse, campant à Fronsac le temps de la construction de ce «castrum». C’est ainsi que Fronsac peut aujourd’hui s’enorgueillir du fait que «Fronciacus» fut écrit en toutes lettres par le chroniqueur de Charlemagne, Eginhard. A partir du VIIIe siècle, la région, placée sur l’un des axes majeurs de pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle voit s’épanouir une vie religieuse intense, donnant naissance notamment à la cité de Saint- Emilion et à des établissements hospitaliers qui cultivent la vigne, comme il en existe encore aujourd’hui la trace à Fronsac (Lariveau).

Plus tard, pendant les trois siècles d’occupation anglaise, les vins de Fronsac furent largement exportés vers l’Angleterre.

Jusqu’au règne de Louis XIII, un énorme château coiffait le tertre de Fronsac, en occupant tout le sommet.

En 1663, le Duc de Richelieu décida d’acquérir pour sa famille les terres du Duché de Fronsac. Et ce sera sur les ruines de l’ancienne forteresse que son petit-neveu, le Maréchal Arnaud du Plessis, Duc de Richelieu, fit édifier une «folie», théâtre des fêtes galantes dont l’écho se propagea jusqu’à la cour de Louis XIV.

Dès lors, la notoriété des vins de Fronsac ne cessera de s’étendre. Au XVIIIe siècle, la révolution qualitative des vins du Libournais prend ses racines ici et l’essor du commerce maritime mondial contribuera largement à établir le vignoble de Fronsac parmi les plus nobles du vignoble de Bordeaux.